Le carnet de route de Patrick


@kanter57640 donne la parole aux sans voix

Metz-Valenciennes-Toulouse-Bourges-Paris

lundi 27 janvier 2014

La maraude de @KarenLesEtoiles et @kanter57640

@KarenLesEtoiles fait partie de la garde rapprochée de Patrick sur Twitter. Alors il est passé la voir à Limoges. Elle nous raconte ici une de leurs maraudes à la rencontre des gens de la rue.

"Hier soir Patrick et moi nous sommes donnés rendez-vous pour faire une promenade en ville. Il pleuvait un peu. Je tenais à visiter Limoges le soir pour voir le changement d'ambiance de la ville à la tombée de la nuit. A Limoges, bien qu'il n'y ait pas de Fondation Abbé Pierre, il y a bien des personnes SDF qui traînent le soir dans les rues désertées de ses habitants de la journée. La ville de Limoges ressemble effectivement à une ville fantôme passé une certaine heure. 

J'avais parlé à Patrick d'un VHQ (Vagabond Hautement Qualifié, terme qu’emploie Patrick pour se définir, ndlr) qui dormait habituellement près de la bibliothèque et qui, d'après une connaissance serait schizophrène. Nous sommes donc arrivés à l'endroit en question où j'ai désigné le monsieur. 

"C'est sur si personne ne va lui parler..." 

Patrick est allé le voir mais moi, craintive, je suis restée à l'attendre en retrait, à distance, de l'autre côté de la route. Pendant que Patrick parlait à cet homme, j'ai vu passer trois personnes vraisemblablement SDF elles aussi, un premier avec tout son barda sur son dos et un parapluie ouvert pour empêcher son sac à dos d'être trempé, avec deux gros chiens qui le suivaient.

Lorsque Patrick est revenu je lui ai demandé comment ça s'était passé et il m'a répondu que cet homme n'avait pas l'air d'être schizophrène et qu'il fallait le comprendre aussi... si personne n'allait lui parler et que tout le monde l'évitait. Il m'a donné son prénom (Gérard, ndlr) et m’a dit entre autre qu'il repasserait le voir.

Nous avons continué à marcher, nous sommes passés devant un homme qui fumait à une station de bus, hors horaires. Nous supposons que, malgré ses habits et son apparence convenable il s'agissait d'une personne elle-aussi à la rue. 

"Il y a du hasard sans avoir de hasard" 

Peu après, un autre homme d'une quarantaine d'années a marcher vers nous et m'a demandé incertain, si je pouvais lui donner un euro pour qu'il puisse manger. 

Je n'avais qu’un billet de 10 euros. Je lui ai donc dit que je n'avais pas de monnaie mais que je pouvais lui payer un kébab. Sur le chemin nous avons un peu parlé tout les trois, de son éducatrice de rue entre autre (...) Au kébab, le vendeur affichait un air de mépris qui suintait de tout son visage.

Mon invité nous a donné son prénom : Amar ! Le même prénom que le gars qui partageait le squat de Patrick à Metz. Etrange coïncidence et léger fou-rire de ma part. Ahmar m'a dit concernant le hasard « qu'il y avait du hasard sans avoir de hasard ». Bien que je ne puisse clairement expliquer ce qu'il a voulu dire par là et le formuler en mots, j'ai très bien compris l'essence de cette petite phrase. 

C'est le regard des gens qui est difficile 

Patrick a parlé un peu de la manche avec Amar et je lui ai demandé ce qu'il pensait, et ce qu'il ressentait du regard des gens lorsqu'il faisait la manche, il m'a répondu qu'il se faisait critiquer et traiter de clochard, que le regard méprisant des gens était psychologiquement difficile.

Vu qu'on était dans le Kébab en train de parler du quotidien de sans abri, nous avons vraisemblablement dérangé le vendeur dans ses principes. Ça avait vraiment l'air de l'emmerder de préparer un kébab pour un SDF alors que c'était Patrick qui avait passé la commande, si le vendeur savait...

Et moi intérieurement je rigolais.

J'ai tout de même été dans mes petits souliers après qu'Amar m'ait demandé s'il pouvait me faire la bise pour me remercier. J'ai eu droit à un bisou sur la joue de sa part, après avoir momentanément hésité en présence du vendeur."
@KarenLesEtoiles 
En photo : la mairie de Limoges

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